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the pleasure is mine - atelier de recherche et de création, 2009-2010, enba Lyon
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quoi / comment / quand /où / qui / pourquoi
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quoi : en résumé
- 3 espaces : l'espace virtuel / l'espace d'exposition / l'espace du livre. Comment ces différents lieux peuvent-ils dialoguer, s'articuler, se compléter ou au contraire s'opposer?
- 2 zones : Le privé, le public. Reste -t-il des actions possibles pour déplacer les définitions de ces notions ? Quel est le statut de chacune de ces zones vis à vis de l'art ?
- 3 moments : l'individuel, le collectif, le politique. Par quel moyen une démarche individuelle peut entrer dans un projet collectif Par quel moyen une intention collective peut accueillir des travaux individuels ? Le politique convoque t'il de fait, le collectif?
- 2 champs : l'art, le design. Comment créer des liens entre ces 2 pratiques artistiques?
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comment : l'organisation
L'atelier s'articulera autour de 9 projets aux SpaceKraft Pompadour (un chaque mois, de septembre 2009 à Juin 2010). Chacun de ces projets comportera au minimum : une exposition avec des œuvres créées spécifiquement pour le lieu, une œuvre multimédia projetée dans l'espace le temps de l'exposition, mais visible aussi en ligne, une petite édition de 16 pages, 2 couleurs, 16 x 22,5 cm imprimé en offset à l'école.
Un appel à projet est lancé pour compléter le calendrier des expositions. Chaque proposition devra définir en quelques phrases une ligne curatoriale, autour d'une articulation de textes et d'images. Ces propositions devront être rendu au plus tard le 20 octobre 2009, à envoyer par email à cette adresse us@spacekraftpompadour.org
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qui : les acteurs de cet ARC
Chaque "équipe" pour chacun des projets sera composée de :
- la partie curatoriale : étudiants 4/5, art et design(s) en priorité
- les exposants : étudiants de 4/5 arts en priorité
- édition : étudiants de 3/4/5 années design graphique
- œuvre multimédia : toutes sections confondues
- les professeurs de l'équipe 4/5 sont invités à s'associer à l'un des projets (voir calendrier), autant pour les questions de mise en espace, réalisations des pièces, etc., que pour accompagner l'écriture des textes de l'édition papier ou en ligne. Jean-Marie Courant et Damien Gautier suivront la production éditoriale.
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quand : calendrier des expostions et interventions
vous trouverez en cliquant ici un déroulé complet de mes interventions et du calendrier des expositions au SpaceKraft Pompadour. Vous y trouverez aussi les zones encore libres pour constituer les équipes des expositions.
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où : les différents lieux de cet ARC
Pour ne pas interferer dans le déroulement hebdomadaire des autres cours, cet ARC aura lieu en grande partie au SpaceKfrat Pompadour, mais des réunions et rendez-vous individuels pour suivi de projet auront aussi lieu à l'école des beaux-Arts. Les étudiants sont invités à s'inscrire sur les plages horaires réservées à cet effet (voir calendrier).
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pourquoi : une tentative d'explication
The Pleasure is Mine : Autour de cette formule de politesse toute anglo-saxonne, nous tâchons, dans l'exercice de nos différentes pratiques artistiques, de nous faire plaisir tout en faisant plaisir aux autres. En disant the pleasure is mine, nous disons aussi un peu it's a pleasure to please you, dans un échange de bons procédés. Le verbe « please » est difficile à traduire, assez loin finalement d'une volonté de plaire un peu narcissique. L'enjeux est simple : que chacun d'entre nous à un moment donné puisse s'écrier : « it blows my mind away! ». Flirtons avec l'entertainment, produisons, produisons, produisons, reproduisons encore, laissons la pluie rouler sur nos torses velus, rions de nos propres bêtises et surtout fixons des objectifs difficiles à attendre. Ce sera peut être mauvais, ce sera certainement drôle, on nous traitera de populiste et nous rétorquerons que le mépris de la masse est l'enfant honteux des tyrannies du siècle dernier, et qu'en cela il ne nous intéresse pas, pas plus que nous intéresse d'ailleurs l'idée de plaire à tout le monde. Travaillons avec gaieté de coeur, et contemplons tout à loisir les oeuvres de nos collègues, de nos aînés, de nos soit-disants ennemis. Nous ne cherchons pas à faire date. À faire oeuvre, peut-être, quoi que. À faire sens, si nous en sommes capable, on verra bien. Nous n'avons pas à faire mieux, nous n'avons même pas à trouver notre voix propre, dans un soucis exacerbé d'avant garde ou de spéciosité. Même Divine se retrouva un jour au MOMA. Interrogeons les bonnes manières et les autres manières, puisqu'il y a l'art et la manière de faire. Travaillons. Travaillons encore. Produisons, dans la post-production, certes, puisque telles sont les figures imposées par l'époque, mais aussi dans la production simple et attentive, sans les fioritures de la « maison de production » — en ce domaine, le premier magazine branché fera de toute façon mieux que nous. Si il existe un lieu ou cette réappropriation des moyens de productions peut encore se faire, c'est bien celui d'une école d'art : une production à notre échelle (je serais tenté de dire à échelle humaine) bien qu'ambitieuse, un artisanat malicieux de formes et de sens, à cheval (le cul entre deux chaises?!) entre les options art et design, entre le virtuel et le réel, entre le privé et le public. Faisons les choses avec grâce et panache (!), abordons le collectif avec une joie rageuse, comme des pirates abordant leur île refuge pleine des trésors ravis aux navires marchants, ou plutôt comme des corsaires soutenus par l'autorité lointaine, notre vaisseau mère étant l'école. Embarquement immédiat.
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notes et commentaires :
* Le SpaceKraft Pompadour est un appartement/atelier situé dans les pentes au 8 rue Saint Polycarpe (derrière la place des terraux). Chaque semestre, 3 étudiants sont nommés responsables de la gestion du lieux et du bon déroulement des opérations. Ce semestre d'automne 2009, il s'agira de Jonathan Rouah, Agathe Nicolas et Elsa Audouin. Pour plus d'informations, consulter le site en ligne spacekraftpompadour.org
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* Tous les différents projets curatoriaux fonctionnent comme autant de petits assignments. J'emploie ici le terme anglais car il me semble plus précis dans sa fonction (assigner, donner une mission, une tâche) et en même temps plus incertain. Ni un sujet ou un thème au sens strict, mais bien plus une «règle du jeu» permettant de rentrer dans la «matière de production», the rules of the game make it fun to play.
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* Les exposants doivent en règle générale appartenir au département art 4/5, cependant, si le projet curatorial en énonce la finalité, les étudiants curators peuvent aussi aller chercher des étudiants dans les autres années et autres options de l'école.
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* Il est très important que chacun de ces projets curatoriaux trouve un prolongement multimédia. Dans quelle mesure une oeuvre peut basculer dans le virtuel ? Quelles sont les prolongations ou extensions Web que l'on peut créer à un projet ? De quelle manière le Net met-il en lumière un espace physique? Cette question du multimédia ne sera pas portée par les seuls graphistes dans une optique de communication ou d'édition. Il s'agira bien plus de «faire œuvre» de et par ce médium.
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* Pour reprendre une image de Lawrence chère à Gilles Deleuze et Felix Guattari, l'artiste ou le poète trouant le parapluie tissé de conventions et d'opinions qui nous protège du chaos environnant :
«
dans un texte violemment poétique, Lawrence décrit ce que fait la poésie : les hommes ne cessent pas de fabriquer une ombrelle qui les abrite, sur le dessous de laquelle ils tracent un firmament et écrivent leurs conventions, leurs opinions ; mais le poète, l'artiste pratique une fente dans l'ombrelle, il déchire même le firmament, pour faire passer un peu du chaos libre et venteux et cadrer dans une brusque lumière une vision qui apparaît à travers la fente (...). Alors suivent la foule des imitateurs qui ravaudent l'ombrelle avec une pièce qui ressemble vaguement à la vision, et la foule des glossateurs qui remplissent la fente avec des opinions : communication. Il faudra toujours d'autres artistes pour faire d'autres fentes, opérer les destructions nécessaires, peut-être de plus en plus grandes, et redonner ainsi à leurs prédécesseurs l'incommunicable nouveauté qu'on ne savait plus voir. C'est à dire que l'artiste se bat moins contre le chaos (qu'il appelle de tous ses vœux d'une certaine manière) que contre les « clichés » de l'opinion. Le peintre ne peint pas sur une toile vierge, ni l'écrivain n'écrit sur une page blanche, mais la page ou la toile sont déjà tellement couvertes de clichés préexistants, préétablis, qu'il faut d'abord effacer, nettoyer, laminer, même déchiqueter pour faire passer un courant d'air issu du chaos qui nous apporte la vision. (...) L'art lutte effectivement avec le chaos, mais pour y faire surgir une vision qui illumine un instant, une Sensation. (...) Une œuvre de chaos n'est certe pas meilleure qu'une œuvre d'opinion, l'art n'est pas plus fait de chaos que d'opinion ; mais s'il se bat contre le chaos, c'est pour lui emprunter les armes qu'il retourne contre l'opinion, pour mieux la vaincre avec des armes éprouvées. C'est même parce que le tableau est recouvert de clichés que le peintre doit affronter le chaos et hâter les destructions, pour produire une sensation qui défie toute opinion, tout cliché (combien de temps?). L'art n'est pas le chaos, mais une composition du chaos qui donne la vision ou sensation, si bien qu'il constitue un chaosmos, comme dit Joyce, un chaos composé — non pas prévu ou préconçu.»
Gilles Deleuze et Félix Guattari, qu'est ce que la philosophie?, édition de minuit, 1991.
Savoir reconnaître dans ce «geste qui perce» un moment de vérité constitue la base de l'éthique telle qu'elle est nommée par Alain Badiou dans l'éthique : essai sur la conscience du mal, édition Nous, 2003.
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* J'entends donner à ce néologisme encore un autre sens que celui du dictionnaire : spéciosité comme la volonté d'être spécial à tout prix, l'attitude affectée qui consisterait à ne vouloir s'imaginer artiste qu'en trouvant sa marque singulière, en somme une préciosité de la spécialité. La spéciosité questionne le style, la tendance au «so special» (lire à ce sujet le premier chapitre de hello I am special, Hal Niedzviecki, city lights, 2006), ainsi que la place de l'auteur dans la fabrication de l'œuvre.
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* Le travesti Divine fut l'acteur fétiche de John Waters, cinéaste américain de l'outrance, grand représentant du film underground trash dans les années 70, célébré pour ses films Pink Flamingos (dans lequel Divine mange une crotte de caniche) et Female Trouble.
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* Nicolas Bourriaud décrit très justement la question de l'appropriation des données existantes dans la création contemporaine :
« La question artistique n’est plus : “que faire de nouveau ?” mais plutôt : “que faire avec?” Autrement dit : comment produire de la singularité, comment élaborer du sens à partir de cette masse chaotique d’objets, de noms propres et de références qui constituent notre quotidien ? »
postproduction, les presses du réel, 2004.
Cependant, on peut aussi émettre des doutes quant à l'opacité de cette même masse :
« La pensée elle-même se délite : on compile tout, on voit tout, on sait tout, et, pourtant, on ne comprend plus rien. »
la tyrannie technologique, collectif d'auteurs, édition l'échappée, 2006.
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* Les corsaires pillaient les vaisseaux ennemis avec l'autorisation de leur gouvernement, l'iconographie pittoresque stipulant qu'ils respectaient les vies et les biens personnels. Ils obéissaient aux lois de la guerre, sans être pour autant soumis à l'autorité d'un état major, sorte de marins civils armés indépendants, bien que ratachés à une couronne. Le butin se répartissait entre le roi, l'armateur, et l'équipage.
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